OPPORTUNITÉS DANS LE SECTEUR DES INDUSTRIES CULTURELLES ET CREATIVES ET OBJECTIFS PRIORITAIRES.

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La culture Haïtienne jouit d'une bonne image et d'une réputation forte à travers le monde grâce aux œuvres d’arts plastiques, au fer découpé, à la littérature et au mystère qui entoure la religion vodou. Ses sites touristiques, sa culture et son artisanat font d’elle une destination intéressante qui reste à exploiter.

L’artisanat d’art et décorative se formalise lentement mais sûrement. C’est désormais la catégorie de biens culturels haïtiens, la plus importante, en termes de volumes exportés aux Etats-Unis, à Trinidad et Tobago et à la Jamaïque, respectivement.


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Pour sa part, l’art haïtien (peinture et sculpture) continue de jouir d’une excellente renommée au niveau international.


Le livre haïtien ne connait pas autant de succès : le pays en exporte très peu, le plus souvent, sur une base informelle. Pour sa part, l’imprimé connaît, grâce à la diaspora haïtienne, un succès retentissant qui ne peut que gagner en ampleur, sous l’impulsion de l’entrée récente de l’écrivain Windsor Klébert LAFERRIERE à l’Académie Française.

Les studios d’enregistrement sont en pleine expansion, comme en témoigne les saisons de fêtes de fin d’années et de carnaval au cours desquelles ils sont particulièrement sollicités.

Le spectacle est contrasté pour la danse et le théâtre (Que faut-il comprendre par-là ?). La musique, le bal en particulier s’exporte assez bien aux USA et dans la Caraïbe, notamment dans les villes à forte agglomération haïtienne.

En dépit de la grande histoire culturelle et créative haïtienne, force est de constater que ces industries sont confrontées à diverses contraintes dont la connaissance imparfaite du secteur, la faiblesse des institutions, l’absence de politiques publiques véritables, la dégradation des patrimoines matériel et immatériel, etc. Plus spécifiquement, le secteur audiovisuel haïtien demeure en dessous de ses potentialités. Haïti ne dispose, pour le moment, ni de théâtre, ni de club littéraire, alors que la production scripturale augmente de manière considérable. Il existe dans le pays un nombre impressionnant d’entreprises de diffusion dont près de 200 stations de radio et plus de 400 stations de télévision. Les œuvres haïtiennes sont primées à l’étranger alors que paradoxalement le pays n’a même pas une académie de la culture. En dépit de succès épisodiques, le cinéma haïtien a du mal à atteindre les standards internationaux qui permettraient son exploitation sur des marchés étrangers. Bref, les industries culturelles et créatives ne sont pas en condition de réaliser leur potentiel faute de politiques publiques adéquates liées aux infrastructures, aux équipements de production, à la formation de ressources humaines à la protection de la propriété intellectuelle, etc.

Par-delà ces faiblesses, le secteur se trouve écartelé entre deux institutions : le Ministère de la Culture et le Ministère du Tourisme qui revendiquent tous les deux la tutelle des industries créatives. De par la grande diversité de ces industries qui regroupent des activités touchant à la fois à la création, à la production et à la commercialisation de contenus culturels et immatériels, elles ne peuvent être l’otage d’un secteur particulier mais faire l’objet d’un traitement distinct. Dans le but de prendre avantage des industries créatives et d’en faire profiter le secteur touristique, il y a lieu de chercher à mieux les comprendre en établissant l’ordre de grandeur de son potentiel et sa relation avec le reste de l’activité économique, L’aboutissement est de parvenir à une idée claire de leur impact et de la façon dont les Pouvoirs publics peuvent s’y prendre pour créer un environnement propice à leur croissance et compétitivité.

L’espace peu important occupé aujourd’hui par le concept «industries culturelles et créatives» dans les politiques publiques en Haïti appelle à des conseils en matière, notamment : de montage et d’opérationnalisation de structures de collecte et de traitement de données statistiques, de mise en place de système de classification d’activités, de techniques de gestion collective des aspects institutionnels du droit d’auteur et des droits voisins, de bonnes pratiques et d’appuis techniques divers. D’où la justification des deux projets suivants ainsi définis :

Projet II.11.-Protection systématique des produits phares d’Haïti, à commencer par le fer découpé, par voie d’indication géographique et de marque et,

Projet III.19.-Renforcement des capacités des institutions parties prenantes à intervenir dans la formulation et l’application de politiques publiques liées au secteur des industries culturelles et créatives

L’idée de projet (cotée II.11) a été formulée en vue d’assurer une protection systématique des richesses économiques spécifiques d’Haïti générées sous forme de produits phares par les industries culturelles et créatives (ICC) et autres secteurs de production, à commencer par le fer découpé d’Haïti. Elle est articulée autour d’actions visant à :

  • géo-localiser le village de Noailles et, plus particulièrement, de dresser un plan cadastral des aires de production du fer découpé ;
  • mettre en place, sur la base des résultats d’une étude de faisabilité, des instruments juridiques (indications géographiques, marques, et contrats commerciaux internationaux) destinés à assurer une protection systématique et efficace des produits phares d’Haïti, notamment ceux issus des industries culturelles et créatives (dont le fer découpé de Noailles) et d’autres secteurs à identifier ;
  • faire un état des lieux complet de la législation et de la réglementation existantes en vue de formuler des recommandations pour l’élaboration d'un cadre juridique et réglementaire moderne de protection des indications géographiques (IG) et marques haïtiennes ;
  • sensibiliser et former les représentants des institutions publiques et privées parties prenantes sur les aspects liés à la protection des produits haïtiens, aux marques et aux contrats commerciaux internationaux
  • établir une feuille de route pour la mise en place d’une protection (IG ou marque) pour la valorisation des produits du terroir haïtien en l’assortissant d’une stratégie de marketing et de communication pour la promotion des produits haïtiens ;
  • fournir un appui à la commercialisation et à la reconnaissance internationale des IG et marques haïtiennes ainsi qu’à un positionnement compétitif des produits haïtiens sur les marchés internationaux.

Le résultat recherché est de pouvoir utiliser un signe distinctif (label) pour mieux mettre en valeur et protéger les articles en fer découpé originaires de Noailles qui présentent des caractéristiques particulières expliquées par une conjugaison de facteurs liés à la fois à l’originalité du travail des artisans et des artistes de ce village, à la spécificité des aires de production, à la provenance de la principale matière première (recyclage), à la singularité des outils utilisés (marteaux, poinçons, ciseaux, etc.), à l’unicité de chacune des pièces d’art réalisées, au savoir-faire et à l’expérience accumulés pendant plus de six (6) décennies qui sont transmis de maîtres à apprentis à travers plusieurs générations.

L’idée de projet (cotée III.19) est tournée vers le renforcement des capacités nationales en matière de formulation et d’application de politiques publiques liées au secteur des industries culturelles et créatives.

Il s’agit, à proprement parler, de donner aux institutions concernées (Ministère du Tourisme, Ministère de la Culture, Office National de l’Artisanat et Bureau Haïtien des Droits d’Auteur) les moyens de leurs politiques, en termes de :

  • développement de méthodologies adaptées de saisie d’information sur les activités culturelles.
  • collecte et traitement de données statistiques culturelles et créatives et développement d’indicateurs ;
  • connaissances approfondies des domaines culturels et créatifs (importance économique et potentiel de croissance) ;
  • classification des activités économiques pertinentes ;
  • définition des profils des intervenants ;
  • élaboration et déploiement d’outils de politique et de stratégie favorisant l’entrepreneuriat et le développement des industries culturelles ;
  • actions à mener sans risque de chevauchement interinstitutionnel
  • gestion efficace des aspects institutionnels liés aux droits d’auteur et voisins ;
  • cartographie sectorielle pertinente, complète et stratégique.

Il est attendu comme résultat la création d’un cadre institutionnel pouvant permettre d’identifier clairement les domaines d’intervention des administrations parties prenantes et de mettre en place des structures adéquatement dotées en moyens matériels et humains pour bien comprendre ces industries et s’approprier des outils méthodologiques de base ainsi que des processus organisationnels de classification d’activités, de saisie et de traitement des données culturelles, d’élaboration et de mise à jour régulière de politiques publiques de soutien à la croissance et à la compétitivité du secteur dans son entièreté.

LES DEUX (2) POJETS DES INDUSTRIES CULTURELLES ET CREATIVES A LA TABLE-RONDE DES DONATEURS DU 14 SEPTEMBRE 2017

Le Ministère de la Culture a élaboré un plan d’actions de trois (3) ans (2017-2019) coïncidant avec celui du MPCE. Y ont été priorisés principalement des projets de construction et de réhabilitation de bâtiments liés à la culture (Marché en fer, centres socio-culturels, etc.).

L’idée de projet (codée II.11) d’obédience privée n’est pas inscrite dans le PTI. Il ne dispose donc pas de financement. Cependant, il y a lieu de relever l’existence dans le Programme binational du 11 e FED de l’UE d’une provision budgétaire de 8 millions Euros dédiés au commerce, incluant le développement des indications géographiques en Haïti et en République dominicaine.

L’idée de projet (codée III.19) n’a pas obtenu non plus de financement à l’occasion de la table-ronde.

Si la filière culture n’a pas retenu l’attention de la BID, elle a suscité l’intérêt de l’UE qui n’est pas contre l’idée d’y apporter son appui qu’elle conditionne toutefois à la ratification de l’APE.

La filière fer découpé relevant (idée de projet codée II.11) fait partie de celles qui ont été identifiées comme cibles potentielles pour le financement du FASCIR au titre de projet de catégorie 2.